Portefaix : homme dont le métier est de porter des fardeaux. Telle est la définition du mot portefaix dans le Petit Larousse. A Lomé, les portefaix sont des filles, alors qu’il s’agit d’un travail physique éprouvant. Filles parce qu’elles commencent à travailler enfants ou adolescentes et puis parce que la société togolaise a du mal à les voir en tant que femmes. Même mères de familles, elles restent des filles.
Il est impossible de se promener dans les allées du Grand Marché de Lomé sans voir de filles portefaix. On les reconnaît aisément à leurs blouses, vertes ou violettes, souvent déchirées. Au milieu des étals, des commerçants, attendent les clients, on les voit passer, presque toujours en mouvement. Elles se faufilent entre les passants, le visage déjà ridè par l’effort qu’elles déploient à porter ces fardeaux d’un étal à l’autre.
Elles sont plusieurs milliers à arpenter les allées des marchés de Lomé. Les filles portefaix sont toujours en groupes, réunies en fonction de leur origine géographique: le plus souvent la Volta Région au Ghana ou la région de Vogan au Togo. A Lomé, les filles sont de passage. Poussées par la misère de leurs villages, elles viennent tenter leur chance à Lomé. Elles y retrouvent les autres, celles qui avant elles ont aussi choisi l’exode rural. C’est avec la bénédiction de leurs parents qu’elles quittent le village: une partie de l’argent qu’elles gagneront sera destine à la famille. Dès qu’elles auront économise assez, elles rentreront au village le week-end ou parfois pour plus longtemps, si on a besoin d’elles aux champs.
Les filles portefaix sont presque toutes analphabètes. Quelques-unes sont allées à l’école mais généralement pas plus de deux années, parce qu’on avait besoin d’elles à la maison. A Lomé, elles viennent travailler dur pour gagner de l’argent (en moyenne, elles gagnent 20 000 FCFA par mois, ce qui constitue 200 FF). Leur objectif à toutes: retourner s’installer au village et monter un petit commerce ou bien devenir couturière ou coiffeuse.
C’est de leur passage à Lomé, de leurs conditions de travail et de vie difficiles, de leurs relations d’amitié, de solidarité entre elles que ces photos et ces textes témoignent.