Dans le cadre de la Biennale « Printemps de la Mémoire » par le Réseau francilien Mémoires Histoires et du Festival « Mémoires itinérantes, AIDDA vous invite à une journée d’études intitulée » « Remue Mémoires » La marche pour l’égalité », le samedi 25 mai 2013 de 14h à 18h.
Décembre 1983 – Décembre 2013 : 30 ans déjà. La marche pour l’égalité, la justice, contre les meurtres dans les banlieues et contre le racisme a rassemblé ce 3 décembre 1983 cent mille personnes environ. Paris accueillait alors une marche hasardeuse au début, insignifiante et même vouée à l’échec pour certains. Partie de Marseille le15 octobre 1983 dans l’indifférence quasi-générale, la Marche prend étape par étape une portée politique et médiatique sans précédent. Une jeunesse des banlieues, née ici émerge avec des revendications claires de refus des ratonnades, des meurtres racistes impunis et de la violence policière. Ils rêvaient de l’égalité, de la justice et d’une autre société ouverte et antiraciste. A travers le pays, ces jeunes mobilisent de nombreux acteurs associatifs (associations de solidarité avec les immigrés, associations immigrées) et institutionnels, habitués à la défense des droits des migrants, des travailleurs et qui découvrent que la France est un mélange riche de sa diversité. Ces marcheurs dont les rangs grossissent d’une étape à l’autre mobilisent de nombreux Français qui se reconnaissent dans leurs revendications et sympathisent avec eux à travers ce qui a été qualifié d’abord positivement comme le mouvement beur avant que viennent les remises en cause de ce qualificatif plus médiatique que porté par les marcheurs et les acteurs qui les soutiennent. A travers ce moment qui marque l’histoire des luttes dans les quartiers et dans l’immigration, les enfants d’immigrés jusqu’ici invisibles revendiquent à la fois les luttes des parents, mais se considèrent définitivement comme des acteurs à part entière de la société française. Cette nouvelle donne va bouleverser la perception de l’immigration et redessiner le paysage associatif, culturel et politique antiraciste.
Certains commémorent en 2013, les 30 ans de la marche pour l’égalité et contre le racisme. Dans le cadre de cette première rencontre – débat, nous voulons nous inscrire comme acteurs de cette histoire pour réfléchir, participer au développement des recherches universitaires pour que cette histoire fasse aussi partie de l’histoire de France. Nous voulons aussi mettre en avant les acteurs des luttes de l’immigration, souligner une continuité dans les revendications avant et après la marche pour éviter qu’on fige par la commémoration un événement « la marche de 1983 » et dire tout haut que les acteurs de la société civile continuent à lutter contre les discriminations sous toutes leurs formes dans des banlieues et des quartiers populaires de plus en plus relégués, malgré les dispositifs et les politiques successives dans ce domaine. Plus de trois décennies après qu’en est-t-il de l’avancée des droits dont le droit de vote, l’égalité de traitement dans tous les domaines, la régularisation des sans papiers et le respect de nos chibanis, bénéficiaires en 1983 d’une des principales conquêtes de la marche : la carte de résidence de 10 ans. Quel est le chemin parcouru, quels sont les parcours singuliers et collectifs de ceux et celles qui ont marché ou accompagné les luttes, quelle transmission d’une histoire complexe pour les nouvelles générations en banlieue…, dans les manuels scolaires, dans le secteur culturel et de l’information ?